Le directeur général les Laboratoires Roche Algérie Dr Amine Sekhri, nous explique dans cet entretien les mécanismes d’accès aux médicaments innovants à travers notamment la mise en place des contrats innovants.
Dans quelle mesure les laboratoires Roche peuvent-ils contribuer à améliorer l’accès aux traitements innovants ?
Ce qu’il y a lieu de relever en premier est l’importance de ces médicaments innovants. Le terme innovant désigne un médicament récemment développé et qui est reconnu pour sa grande valeur ajoutée clinique en termes de bénéfice/risque. Il se trouve qu’aujourd’hui beaucoup de ces médicaments sont déjà présents dans plusieurs pays, utilisés depuis des années et sont devenus les standards, alors qu’en Algérie, nous accusons un retard dans leur disponibilité. Ces traitements ont la particularité notamment en oncologie d’allonger la survie du patient, de le guérir ou d’améliorer sa qualité de vie. C’est des thérapies importantes surtout quand on connaît le fardeau des cancers en Algérie et qu’on enregistre environ 50 000 nouveaux cas par an, c’est vraiment beaucoup. C’est des patients qu’il faudra prendre en charge de la meilleure manière possible, en termes de diagnostic précoce, traitement et suivi. C’est dans ce sens que les avancées thérapeutiques et les dernières méthodes de diagnostic permettent justement une meilleure gestion de ces maladies, parallèlement à une optimisation des coûts qu’ils soient directs ou indirects et de faire en sorte que ces patients se portent mieux.
En Algérie et qu’on enregistre environ 50 000 nouveaux cas par an, c’est vraiment beaucoup
Comment va t-on améliorer concrètement cette prise en charge sur le plan pratique ?
Il faut que tout un chacun déploie des efforts. Les autorités se doivent de fournir les moyens pour permettre à la politique de santé d’intégrer ses innovations dans le système de santé algérien. Les laboratoires pour leurs parts se doivent de mettre en place des mécanismes d’accessibilité. Des mécanismes qui assurent aux patients d’avoir un accès large et rapide à ces innovations tout en préservant la pérennité du l’écosystème de santé.
Il faut alors discuter de ce qui peut être fait en tenant compte des caractéristiques de l’épidémiologie du cancer, des capacités et ressources du système de santé en Algérie, et ainsi faire en sorte que l’on mette le patient toujours au centre de ses discussions. Les mécanismes de d’accessibilité intègrent par exemple le concept de contrats innovants, avec titre d’exemple la notion de partage de risque, de remboursements personnalisés en fonction du succès du médicament, plafonnement budgétaire ou accords prix-volume…etc. Ceci nécessite de mettre en place le un cadre réglementaire et administratif adéquat pour leur implémentation dans la pratique ce qui pourra ainsi alléger le poids des financements, d’avoir une meilleure prédictibilité et surtout offrir à nos concitoyens des soins de qualité
Il est important de signaler que la prise en charge ne se limite pas à l’aspect lié au médicament.
Il est important de signaler que la prise en charge ne se limite pas à l’aspect lié au médicament. Elle doit prendre en considération tous les éléments du parcours patient, et c’est là où le partenariat et la co-création entre les acteurs de notre écosystème doivent prévaloir afin de proposer aux patients des solutions intégrées qui aboutiront à améliorer sa santé. C’est autour de cette vision que Roche à co-conçus le partenariat avec le Ministère de la Santé dans le domaine du cancer, hémophilie et maladie neurologiques
En termes de recherche clinique, qu’est-ce qu’ils ont fait ou que comptent faire les laboratoires Roche en Algérie ?
Ce qu’il faut dire à ce titre est que la recherche clinique reste le domaine qui fait avancer la médecine. En réalité, tout dépend si on veut réellement se positionner comme un pays acteur et contributeur dans la recherche médicale. Le fait que l’Algérie initie et ait une vision de développer la recherche et l’innovation dans le domaine de la santé, va certainement contribuer d’aller vers la médecine d’excellence avec un impact certain qui sera perçu par les patients. L’Algérie a des atouts, nous disposons de centres d’excellence, les compétences et les ressources requises existent. On a mené par le passé des études cliniques en Algérie qui ont été couronnées par un franc succès. A présent, malgré tout ce potentiel, il est clair qu’il y a encore du progrès à faire surtout quand on compare avec d’autres pays de la région MENA. Les bénéfices sont en effet multiples pour le système de santé, pour le patient, mais aussi pour l’économie du pays grâce aux investissements venant de groupes pharmaceutiques innovants. C’est dire que la recherche pourrait aussi être une source d’entrée en devises pour le pays dans le cadre de l’économie du savoir.
Nous sommes ravis de voir l’activité recherche clinique reprendre et comptons nous insérer dans cette dynamique en intégrant l’Algérie dans les programmes de R&D de Roche. Nous travaillons aussi avec les chercheurs et sociétés savantes pour encourager des projets locaux qui permettront de générer des données scientifiques utiles dont a besoin la communauté scientifique.
Nous sommes ravis de voir l’activité recherche clinique reprendre et comptons nous insérer dans cette dynamique en intégrant l’Algérie dans les programmes de R&D de Roche
Quel est l’apport des laboratoires Roche dans le développement de l’industrie pharmaceutique, des projets de production en phase de lancement en Algérie ?
A présent, on est sur un projet de partenariat local, pour la production des traitements innovants en Algérie et qui verra le jour très bientôt. Cependant, dans un environnement pharmaceutique en pleine mutation, l’apport et la notion de valeurs ajoutées ne se mesure pas uniquement en termes de production industrielle. Celle-ci ne représente qu’une partie, car l’apport de l’innovation à travers la recherche, la contribution à l’écosystème de santé à travers notamment le partenariat avec ces différents acteurs, et l’impact généré sur les patients et l’économie nationale doivent être tout aussi valorisés. L’Algérie gagnerait à intégrer cette évolution dans sa vision du secteur.
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