vendredi 6 décembre 2024
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Benbahmed: « En 2021, nous comptons enregistrer 400 autres produits »

L’industrie pharmaceutique, stratégique à plus d’un titre, attise pas mal de convoitises. Le ministère de Benbahmed, en train d’y mettre bon ordre, dérange certains intérêts, et certaines combines bien établis. Voilà pourquoi, il est souvent la cible de rumeurs malsaines, et de pénuries fabriquées de toutes pièces.

Dans cet entretien exclusif, le premier responsable de ce secteur en parle avec passion, détaille sa stratégie, parle des avancées et des réalisations déjà finalisées. Le travail titanesque ainsi abattu en quelques mois à peine équivaut à ce qui n’a pas été fait en plus de dix ans. Le premier bilan d’étape parle de lui-même. La mafia du médicament, désormais n’a qu’à bien se tenir…

La Patrie News : où en est votre secteur, et quel bilan d’étape faite-vous alors que la fin de l’année approche ?

Lotfi Benbahmed : l’annonce principale dont je vous ai réservé la primeur a trait au fait que nous avons enregistré 320 nouveaux produits. Ce chiffre est un record historique, jamais atteint auparavant.

Je dis cela pour répondre à certaines parties qui entretiennent et alimentent ce discours selon lequel une baisse de la facture serait automatiquement synonyme de pénurie de certains médicaments. Or, ce n’est pas du tout le cas. Ces deux paramètres ne sont pas du tout en corrélation.

 

L’attestation de régulation. Elle permet d’éviter les surstocks, les pénuries ainsi que l’importation des produits fabriqués localement

A propos de ruptures, en revanche, cela est en grande partie qui ont des intérêts à préserver dans le domaine de l’importation, alimentent et entretiennent cette fausse polémique. Les ruptures sont, en revanche, tributaires du programme d’importation. Le marché est régulé par des programmes d’importation.

Le marché est régulé. Or, ces programmes ont été signés en 2019 par l’ancien gouvernement. Nous, en tant que ministère de l’Industrie pharmaceutique, n’avons pris nos prérogatives qu’en en octobre de l’année en cours. Depuis ce mois, nous avons mis en place l’attestation de régulation.

Elle permet d’éviter les surstocks, les pénuries ainsi que l’importation des produits fabriqués localement. Elle permet aussi de lutter très efficacement contre les surfacturations. En parallèle, lorsque nous avons constaté des baisses de stocks causées par cette pandémie, comme cela avait été le cas pour le Lovenox, nous avons importé massivement les intrants permettant de produire localement, en grandes quantités, ce médicament.

La problématique de la pénurie e médicaments est récurrent, est subie depuis toujours par le citoyen algérien. Or, les moyens mis par l’Etat sont très importants. Ils sont de 4 milliards de dollar d’importation, alors qu’une somme équivalente est dépensée pour la production. Il y a forcément mauvaise régulation. Le monde du médicament est fait de milliers e produits.

L’un ne remplace pas forcément l’autre. Il arrive donc que des produits soient disponibles pour quinze mois de consommation nationale, alors que d’autres sont inexistants sur le marché. L’importation était orientée par les laboratoires en fonction de leurs intérêts économiques.

Nous sommes là pour y mettre bon ordre. A présent, on suit l’évolution facture après facture. Lorsque nous constatons que des produits ne sont pas suffisamment importés ou fabriqués, on incite les laboratoires concernés à y remédier. Pour 2021, les programmes seront délivrés de manière précise et pointue.

Vous avez promis la fin des pénuries pour 2021. Cette promesse est-elle toujours de mise ?

Absolument. Notre objectif premier, au niveau de ce ministère, est d’aider au développent du pays, et d’en être un levier de croissance. Cela ne doit quand même pas se faire au détriment de la santé publique. Bien au contraire.

Les efforts titanesques déployés par notre ministère ont permis de débloquer pas moins de 320 produits. Certains de ces produits attendaient leur enregistrement depuis 2017, le plus souvent à cause d’une bureaucratie kafkaïenne, que nous sommes en train de réformer foncièrement. Certains enregistrements, qui nécessitaient jusqu’à 18 mois, se font désormais en 24 heures.

 

Des syndicats, et certaines parties, manipulées, avec des habitudes de consommation extraverties, encouragent ces campagnes pour que l’importation se poursuive au détriment de la production locale

 

C’est tellement vrai, que cela nous pose un problème d’accumulation de ces enregistrements, parce que des laboratoires ne viennent pas les récupérer assez vite. C’est ainsi qu’on fait baisser la facture du médicament. Cela ne plait pas à tout le monde. Ce nombre de produits enregistrés est un record absolu. Auparavant, on ne dépassait gère le 40 à 50 nouveaux produits par an.

D’où ces rumeurs malveillantes et récurrente sur ces supposées pénuries. Des syndicats, et certaines parties, manipulées, avec des habitudes de consommation extraverties, encouragent ces campagnes pour que l’importation se poursuive au détriment de la production locale, et de l’économie nationale.

L’opinion doit savoir que cette politique ne pénalise pas le malade. C’est même le contraire qui est vrai. La production locale assure notre souveraineté sanitaire. On a vu, avec cette pandémie, que l’argent était insuffisant pour se procurer certains produits devenus stratégiques. Il avait fallu toute la force de notre diplomatie, et le précieux concours de notre valeureuse armée pour accéder simplement aux moyens de protection.

Notre objectif, en matière de taux d’intégration, a été fixé par monsieur le président de la République à 70 %. Celui-ci est actuellement à 50 %.

En 2021, nous comptons enregistrer 400 autres produits, pour passer à 60 %.

Les pénuries sont également encouragées par des facteurs humains. Lorsqu’on évoque tel ou tel produit, tout le monde se précipite dessus pour le stocker, ce qui des manques, des tensions, ou des pénuries.

Les trafics transfrontaliers favorisent aussi des ruptures de stocks. C’est par exemple le cas e la Ventoline, qui e vend beaucoup moins cher au Maroc. Les médias, en citant les noms de certains produits, peuvent créer des tensions ou des pénuries.

Je leur demande, donc, de faire plus attention en évoquant ces questions qui, ç priori, peuvent sembler anodines.

Si les défis des tests, des masques, de l’oxygène et du gel hydro alcoolique ont été relevés avec brio, nous disposons de tous les stocks de sécurités requis en cas e seconde vague, ou de résurgence de cette pandémie de coronavirus. Dès janvier prochain, un observatoire pluridisciplinaire publiera une liste des produits manquants, accessibles aux médecins traitants, afin qu’ils n prescrivent que les médicaments réellement disponibles.

Dans le même temps, et avec le concours d’un comité scientifique, une liste des médicaments essentiels, est en passe d’être élaborée.

Où en est ce dossier sur les ruptures de stocks ?

Les chiffres avancés par certains sont fantaisistes et faux. A notre prise de fonction en octobre passé, nous avons constaté qu’il y avait effectivement manque d’environ une centaine de produits. Depuis, ce chiffre a été ramené à seulement 70.

Il est appelé à baisser encore sensiblement lorsque notre plan d’action annuel sera mis en application dès janvier prochain. La numérisation permettra la traçabilité et le suivi en temps réel de tous les stocks.

Même les dates e livraison seront connues et précisées à l’avance. Avec ces détails et ces précisions, il sera possible de rendre disponibles l’ensemble des produits tout au long de l’année, qu’ils soient importés ou produits localement. Souvent, on passe souvent de la rupture aux surstocks. Cela est dû à une mauvaise régulation.

 

cabale déclenchée contre moi

 

A quelle logique obéissent ceux qui vous attaquent en lançant et en alimentant ces rumeurs?

 

Les changements profonds que nous apportons sont en train de rééquilibrer le marché du médicament. Forcément, cela n plait pas à tout le monde. Vous savez, quand vous baissez la facture d’importation de plusieurs centaines de millions de dollars, c’est autant d’argent perdu dans les chiffres d’affaires de certains.

C’est suffisant pour justifier ces récurrentes campagnes contre nous. Nos réformes sont menées à marche forcée. Ce que nous avons réalisé en à peine quelques mois ne l’a pas été fait en plus d’une dizaine d’années. Forcément, on gène des intérêts.

Y a-t-il cabale contre vous ?

Peut-être bien. Depuis que je suis à ce poste cela ne sera certainement pas la première, ni la dernière cabale déclenchée contre moi.

La numérisation est également censée mettre un terme aux surfacturations….

J’ai déjà parlé de l’importation irrationnelle de certains produis. Cela va parfois jusqu’aux notices. Ces marchés atteignent souvent des centaines de million de dollars. On bouscule des habitudes. Cela perturbe certains cercles qui ont pris l’habitude de travailler de façon discutable.

Ce que nous retenons, c’est que l’écrasante majorité a accepté le caractère inéluctable de ces mutations de fonds, et commencent donc à s’y adapter.  Beaucoup ont aussi compris qu’il est plus rentable de créer de la valeur ajouter au lieu de s’adonner à certaines pratiques délictuelles. Pendant des années, il y a eu pillage systématique de nos ressources financières.

Certaines matières premières étaient facturés jusqu’à 130 fois de leur valeur réelle. Il y avait des individus qui se facturaient eux-mêmes à l’aide de sociétés écrans. Nous avons, dans ce ministère, des cadres qui croient en la nouvelle Algérie, et qui ne sont pas avares de leur temps et de leur énergie. Derrière chacune de nos paroles, il y a des actions concrètes.

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